La gestion des ressources humaines est une science dynamique qui doit s’adapter aux situations factuelles et à l’environnement mouvant du monde du travail.  Des solutions doivent par conséquent être anticipées sinon trouver pour gérer au mieux la ressource capitale de toute organisation : les ressources humaines .

1. Quelle attitude à adopter pour une gestion efficace de la psychose ?

Le manager doit anticiper par la communication en amont. Une campagne de sensibilisation est nécessaire pour faire comprendre au personnel ce qu’est le coronavirus ou ce que cette maladie n’est pas. A défaut d’une telle démarche, toute toux ou tout rhume sera assimilé au coronavirus et créera la panique dans l’organisation. Les fake news polluent aussi l’environnement de travail.

Ainsi ,au cours de la sensibilisation, l’accent sera mis sur les mesures à prendre pour éviter une infection éventuelle. Notamment se laver les mains régulièrement, désinfecter son environnement, tousser dans le coude , s’hydrater fréquemment, etc …. L’organisation ou l’entreprise doit aussi prendre des mesures d’hygiène telles la mise à disposition de  gels hydroalcooliques , de dispositifs pour le lavage des mains et des serviettes jetables . 

Il faut aussi insister sur ce qui n’est pas dit et qui est utile à savoir pour ramener l’événement à des proportions raisonnables . On guérit plus du coronavirus qu’on en meurt. Les proportions de personnes qui décèdent du virus sont inférieures à 1% des personnes infectées. La faim et le paludisme en Afrique tuent plus que le coronavirus ou Covid-19 pour emprunter le nouveau nom trouvé; comme si cela changeait quelque chose au mal.

Les personnes qui en sont mortes sont les personnes dont le système immunitaire est déjà affaibli par l’âge ou une maladie chronique. L’immense majorité à plus de 70 ans.

2.Est-il nécessaire de réorganiser le travail ?

Gérer c’est prévoir et prévenir. Tous les schémas les plus catastrophiques sont à envisager et à anticiper. Il est par conséquent nécessaire de se mettre dans le scénario d’une infection virale mondiale comme dans les films hollywoodiens.  Avec l’impossibilité de se déplacer , les mises en quarantaines et des interdictions de circuler.

L’exemple de la Chine , de l’Italie , nous démontrent d’ailleurs que la fiction est entrain de rattraper la réalité . Des situations très difficile à envisager dans l’environnement africain où le contact humain est très important mais il le faut. Le Rwanda l’a  bien compris et le recommande depuis ce lundi 16 mars 2020, dans sa liste de mesures contre la propagation du coronavirus.

Alors que dans certains secteurs d’activité, comme la santé , la restauration ou la distribution,  il est impossible de fonctionner sans le contact physique. D’autres types d’activités peuvent envisager le télétravail, le travail à distance, à domicile ou le business continue plan comme on le dirait dans le système des Nations Unies.

Les travailleurs ne seront pas obligés dans ces cas de se déplacer pour venir sur le lieu de travail. Ils pourront travailler depuis leur domicile ou des endroits choisis . Les nouvelles technologies permettant désormais de communiquer en temps réel ou  d’organiser des réunions et même des formations à distance. Cela nécessite toute une nouvelle organisation que le service en charge des ressources humaines devra piloter. Certes le salarié organise sa journée de travail comme il l’entend, mais il est tenu de remplir les objectifs qui lui sont fixés. 

Soyons clair sur la question, ce ne sont pas des vacances payées pour les travailleurs! 

 Nous recommandons aux managers de mettre en place un système de contrôle de l’effectivité de l’exécution des tâches . Le succès de cette organisation repose sur la confiance entre employeur et employé .

3.Que faut-il faire en cas d’impossibilité de faire le travail à distance ?

Certaines activités ne peuvent se faire à distance et sans le contact physique. Notamment dans le transport , les banques ou  la santé , à l’impossible nul n’est tenu, dit-on. Les travailleurs exerçant les activités où la présence physique est nécessaire doivent continuer leur activité en se déplaçant de leur domicile au lieu d’exécution de leur contrat de travail.

En cas d’impossibilité totale ou partielle d’exercer l’activité du fait de la force majeure (s’entend d’un événement imprévisible, insurmontable et étranger aux travailleurs et à l’employeur telle une infection virale ou bactérienne), l’employeur doit envisager le travail à temps partiel ou la suspension des activités.

 Alors que pour les fonctionnaires et agents de l’Etat cela n’aura aucun impact sur les soldes, la situation est différente pour les agents du secteur privé. 

Cette suspension d’activités peut prendre la forme de congés donnés par anticipation, d’heures de travail à récupérer ou d’un chômage technique.

Alors que les congés et les heures de travail à récupérer seront payés, le chômage technique n’est pas obligatoirement payé. 

L’employeur a la latitude de proposer une compensation financière pour les deux (2) premiers mois ou d’initier le chômage technique sans verser la moindre compensation financière. Au contraire, s’il souhaite prolonger le chômage technique après les deux (2) premiers mois, il sera tenu au versement du tiers (1/3) du salaire pour les travailleurs qui acceptent de continuer le chômage technique en attente d’une conjoncture meilleure. 

Un ou plusieurs travailleurs peuvent en effet refuser de continuer le chômage technique après les deux (2) premiers mois de chômage. Dans ce cas, l’employeur sera obligé de licencier le travailleur en payant tous les droits (indemnité de licenciement, congés, gratification et préavis).

4.Le travailleur peut-il exercer son droit de retrait dans une situation d’insécurité?

Toutes les législations des pays francophones prévoient la possibilité pour tout travailleur de se retirer de toute situation dans son travail pour laquelle il a un motif raisonnable de penser qu’elle  présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé. 

Tout travailleur pourrait considérer que le fait pour un collègue de présenter des signes semblables aux symptômes du coronavirus est un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé et par conséquent quitter les bureaux.

Cependant, le faire par simple crise d’angoisse ou du fait de la psychose au lieu d’agir après un examen rationnel de la situation peut exposer à des sanctions. En effet, lorsqu’un travailleur constate qu’une situation présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé.  Il a pour obligation d’aviser immédiatement son supérieur hiérarchique pour que des mesures soient prises pour faire cesser le danger. Le travailleur ne décide pas souverainement de quitter les bureaux.

 C’est seulement si aucune mesure n’est prise alors que le risque est réel que le travailleur peut utiliser son droit de retrait. S’il a mal estimé la situation, il risque une sanction pouvant aller de l’avertissement au licenciement en passant par l’une des mises à pied sans solde.

En somme, il est encore temps pour les managers de prévoir et d’anticiper avant de devoir trouver des solutions moins agréables si l’on se laisse surprendre.

A bientôt

 DJE ULRICH

 Administrateur Principal du Travail et des Lois Sociales

Consultant Senior en Gestion des Ressources Humaines et Droit du travail

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