Bonjour Maman Viviane (Man’Vi),
Le dimanche 1er mai 2022, c’était la fête du travail. Je t’ai appelée pour te souhaiter bonne fête. Tu en as rigolé parce que tu ne te sentais pas concernée. Tu te souviens juste de ces célébrations où ton défunt époux, alors mécanicien à la SOTRA ( Société des Transports Abidjanais), sortait tôt le matin pour aller au défilé du 1er mai. Il était tout heureux la veille en répétant les pas du défilé et en essayant ses apparats. A son retour, toute la famille avait droit à un repas de fête que tu avais concocté.

Qu’est ce que la fête du Travail ?


Mais maman, la fête du travail ce n’est pas que cela. Sans refaire l’histoire, je te dirai juste que ce jour commémore le combat de millions de travailleurs pour un mieux-être au travail. Lorsque le travail moderne a commencé, il n’y avait pas de durée légale du travail, pas de salaire minimum, ni de sécurité sociale, encore moins de congés annuels. On ne parlait pas de la liberté syndicale. C’est grâce à la lutte des travailleurs, qui ont payé souvent le prix fort de leur vie, que ces minima ont été instaurés.


Malheureusement ces règles minimales ne sont pas toujours respectées. Le 1er mai donne l’opportunité aux syndicats de rappeler ces règles violées et faire des revendications. Cette année, en Côte d’Ivoire, les cinq (5) centrales traditionnelles ont fait le traditionnel discours du 1er mai autour du dialogue social, de la revalorisation du SMIG, de la cherté de la vie, de la violation de la liberté syndicale, des nombreux licenciements, etc. En réponse, comme d’habitude, le gouvernement a réaffirmé son ouverture quant aux échanges avec les partenaires sociaux et a présenté tous les efforts faits pour améliorer les conditions de travail et de vie des travailleurs de Côte d’Ivoire. De beaux discours… traditionnels. Du déjà vu. Et après ? Cela change-t-il quelque chose au quotidien des travailleurs ? Chacun y répondra.


Quelle est l’utilité d’avoir cinq (5) discours le 1er Mai quand un seul représentant des travailleurs pourrait parler au nom de tous ?


Cette fête est hélas devenue juste un rituel au cours duquel on aura de longs discours, généralement pour se répéter en des mots différents. Une bonne part de travailleurs n’écoutera même pas ce qui sera dit alors que la cérémonie est organisée en son honneur. Le syndicalisme perd pied.

Pour moi, il serait judicieux que les centrales syndicales aient une véritable plateforme unitaire d’échanges et d’actions, en dehors des instances bipartites et tripartites officielles (Conseil National du Dialogue Social, Commission Consultative du Travail, Commission Indépendante Permanente de Concertation,…) afin que les travailleurs ressentent l’impact de l’action de leurs syndicats dans leur quotidien. C’est sur toute l’année que les revendications et actions communes doivent se faire et non seulement le 1er Mai. Quelle est l’utilité d’avoir cinq (5) discours le 1er Mai quand un seul représentant des travailleurs pourrait parler au nom de tous ? La voix d’autres centrales syndicales considérées comme non représentatives ne pourrait-elle être entendue dans le cadre d’actions communes ?

Il faudrait arrêter de réagir au cas par cas, entreprise par entreprise, mais plutôt anticiper sur les difficultés rencontrées par les travailleurs par des travaux constants, des études prospectives, des propositions d’amendements de l’arsenal juridique, des conventions collectives sectorielles,… La Convention Collective Interprofessionnelle, qui couvre le plus de secteurs d’activités, date de 1977. A quand des propositions pour la mettre en adéquation avec le monde du travail près de quarante-cinq (45) ans après son entrée en vigueur quand on sait combien les choses ont changé?

Les collectifs, groupements et autres associations diverses de travailleurs ont encore de beaux jours devant eux tant que les travailleurs ne se sentiront pas défendus par leurs syndicats. A bon entendeur, …

Prends soin de toi chère mère et à la semaine prochaine inchallah comme le diraient nos frères musulmans.

Ulrich DJE

Administrateur Principal du Travail et des Lois Sociales

Manager Senior en Gestion des Ressources Humaines et Législation du Travail


LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here