Bonjour MAN’VI ,

La ferveur se ressent déjà à Gouatifla ( Zuenoula , centre ouest de la Côte d’Ivoire)dans les préparatifs de la fête annuelle et je brûle d’envie d’en parler mais il y a un sujet d’actualité que je ne saurais éluder aujourd’hui. Ce sont les négociations entre le gouvernement et les syndicats de fonctionnaires. L’objectif annoncé est la signature d’une nouvelle trêve sociale après celle de 2017.

Je me réjouis que ces partenaires que sont le gouvernement et les centrales syndicales se retrouvent pour négocier. C’est la meilleure méthode. Il arrive cependant comme forcé par les événements.

LA BONNE GESTION DES RESSOURCES HUMAINES DE LA FONCTION PUBLIQUE

J’ai toujours considéré le Ministère de la Fonction Publique comme le meilleur gestionnaire des ressources humaines. En tout cas cela semble vrai en Côte d’Ivoire quand on voit la qualité de l’arsenal juridique qui encadre les rapports entre l’Etat et les fonctionnaires et agents de l’Etat.

Il y a une bonne gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. On sait les besoins et les effectifs année après année. Les concours professionnels, directs ou exceptionnels sont organisés par période pour pourvoir aux emplois identifiés. Des décrets, arrêtés et autres décisions viennent sanctionner le recrutement, l’affectation, la promotion, l’avancement….

Tous les emplois sont classés par famille d’emplois, par grade, par échelon et par classe. Les règles de promotion et d’avancement sont connues. Il y a des profils de carrière pour la plupart des emplois. Un système d’évaluation est mis en place pour justifier les avancements.

Pour chaque emploi, les fonctionnaires et agents de l’Etat connaissent leur indice qui permet avec le coût indiciaire d’avoir un traitement salarial clair.

Cela me permet de soutenir que la Fonction Publique a une bonne gestion des ressources humaines.

Qu’est-ce qui justifie donc les manifestations quotidiennes de mécontentement de ces agents apparemment bien gérés ? Les grèves sont incessantes depuis les années 1990 quel que soit le régime en place.

LES CAUSES DES CONFLITS DANS LA FONCTION PUBLIQUE

Le Statut Général de la Fonction Publique de 1992 et les décrets pris en application avaient banni le système des Corps et Statuts particuliers. Les fonctionnaires et agents de l’Etat devaient être traités sur le même pied. Très vite, les revendications corporatistes ont vu le jour.

Malheureusement, les différents régimes qui se sont succédés depuis 1993 n’ont pas abordé les sujets de manière globale. On a déplacé les problèmes ou trouvé des solutions ponctuelles pour satisfaire des agents de ministères particuliers en général et certains corps de métier particulièrement. Certains services, établissements publics et ministères se sont retrouvés avec des primes et émoluments divers. Certaines fois sans aucune base légale. Des corps et statuts particuliers ont été institués avec les avantages qui vont avec. Tout cela a entraîné le courroux des autres agents de l’Administration qui se sont sentis lésés. Avec ce traitement à géométrie variable, les autres agents de l’Administration Publique, constitués en syndicats, collectifs, groupements, et j’en passe, ont cherché à se faire entendre. On constatera que la quasi-totalité de leurs revendications aura des incidences financières.

Le Statut Général de la Fonction Publique n’a pas évolué pour s’adapter aux nouvelles réalités. L’environnement du travail s’est détérioré et ces agents publics, fonctionnaires et agents de l’Etat ont commencé à défendre l’intérêt personnel au lieu de l’intérêt général qu’ils étaient censés défendre. Tous les moyens sont bons désormais pour s’assumer socialement. Dans tous les cas, le voisin se livre à toutes sortes de magouille sur le dos des usagers sans conséquences.

UNE AUTRE TREVE POUR DISTRAIRE LE FRONT SOCIAL

A la fin de la crise politico-militaire des années 2010, des négociations s’étaient ouvertes et avaient donné lieu à des accords portant trêve sociale 2017-2022. Les présentes négociations devraient avoir pour but de faire le point de cette première trêve et convenir de modalités pour une nouvelle trêve. Au moment où la plainte et complaintes contre la vie chère enflent. Pour moi, c’est encore du raccommodage.

Il y aura certes des décisions prises et annoncées en grande pompe lors du prochain discours officiel du Président de la République. Ensuite, il y aura des travaux sectoriels qui devraient se poursuivre pour analyser les problèmes sectoriels. Le front social s’étant calmé, les résultats seront encore rangés dans les tiroirs. A ressortir lorsqu’on aura les prochains grands mouvements sociaux. Les représentants des fonctionnaires ne se réjouissent-ils pas déjà des engagements obtenus !

Pendant ce temps-là, le Statut Général de la Fonction Publique date de 1992. Les décrets d’application du Code du Travail de 2015 sont en souffrance. Le barème des salaires du privé doit être revu chaque trois (3) ans selon les dispositions légales pour s’ajuster au niveau de vie. Le dernier date de 2015. Déjà sept (7) ans.

Le secteur privé n’est pas associé aux échanges et des négociations ne sont pas ouvertes à ce niveau.

Chère mère, comprends mon scepticisme quant à la sincérité de la démarche.

On est dedans. Allons seulement

A la semaine prochaine chère mère.

Ulrich DJE

Administrateur Principal du Travail et des Lois Sociales

Manager Senior en Gestion des Ressources Humaines et Législation du Travail

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